Mon outil de CAA pour faire des demandes ? Oui, mais pas seulement !
Lorsqu’on met en place un outil de Communication Alternative et Améliorée (CAA) — qu’il s’agisse d’un tableau, d’un classeur PODD ou d’une application comme TD Snap ou Grid — il est très courant que les premières utilisations tournent autour des demandes. « Je veux boire », «je veux manger du chocolat», « jouer »… Ces premières expressions sont souvent les plus visibles et les plus fonctionnelles. En tant que partenaires de communication — que nous soyons parents, enseignants ou thérapeutes — nous pensons instinctivement aux demandes, parce que ce sont elles qui permettent à la personne de se faire comprendre rapidement, de satisfaire un besoin concret, souvent primaire et d’obtenir une réponse immédiate. Les demandes sont rassurantes : elles montrent que la communication fonctionne et que la personne peut influencer son environnement.
Cependant, la communication ne se limite pas à demander. Elle englobe un ensemble de fonctions très variées, comme commenter ce que l’on voit, partager des émotions, saluer, poser des questions, répondre, raconter ou encore exprimer un refus. Limiter un outil de CAA aux seules demandes, c’est comme offrir une boîte à outils avec un seul tournevis : utile, mais insuffisant pour construire de véritables échanges et relations.
C’est là que l’idée d’un outil robuste prend tout son sens. Un outil robuste est un outil complet, organisé de manière logique, utilisable dans de multiples contextes et doté d’un vocabulaire suffisant pour couvrir toutes les fonctions de communication. Grâce à cet outil, la personne ne reste pas coincée au niveau des demandes et peut progressivement apprendre à exprimer ce qu’elle pense, ressent et veut partager. Elle peut commenter un événement amusant, poser une question sur ce qu’elle voit, répondre à un adulte, raconter ce qu’elle a fait ou même simplement partager son émotion. En somme, l’outil robuste devient un moteur pour développer le langage et participer activement aux échanges sociaux.
Mais avoir un outil robuste ne suffit pas : il faut aussi l’utiliser correctement. La modélisation est essentielle : il s’agit de montrer à la personne comment utiliser son outil pour toutes les fonctions de communication, pas uniquement pour demander. Pendant les repas, les jeux, les trajets ou la lecture, chaque moment peut devenir une occasion d’utiliser l’outil pour commenter, saluer, expliquer ou refuser. Observer attentivement la personne et détecter ses intentions de communication permet de l’accompagner et de lui montrer que toutes ses tentatives de communication sont légitimes et valorisées.
En tant que partenaires, notre rôle est donc double : fournir un outil suffisant et robuste, et enseigner à l’utiliser dans toutes ses fonctions, au quotidien et dans des contextes variés. Ce n’est qu’en combinant ces deux aspects que la personne pourra sortir de l’usage limité aux demandes et accéder à une communication riche, authentique et motivante.
En résumé, faire des demandes est un excellent point de départ, mais la CAA ne se réduit pas à cela. Un outil robuste, avec un vocabulaire suffisant et une utilisation réfléchie, permet de balayer toutes les fonctions de communication et d’ouvrir la porte à des échanges plus complets et satisfaisants. La communication devient alors un véritable moyen pour la personne de prendre sa place dans le monde, partager ses émotions et interagir avec son environnement. 🌈